Friday, July 31, 2015

Tag Keisha

 
C'est en me promenant sur le blog de Keisha que j'ai trouvé ce tag dans un de ses billets, remontant à 2012. A l'époque, je n'avais pas encore ouvert mon propre blog dédié aux livres et je ne connaissais pas encore Keisha, ni Niouga, ni Squatty (dont j'ai découverte la tronche de super mimi chaton à Noël dernier). 

J'ai décidé d'y répondre surtout après avoir lu la première question, qui m'a fait tout de suite sourire. Ceux qui me lisent ou me suivent vont, j'imagine, deviner tout de suite la réponse

Es-tu une acheteuse compulsive de livres ?
Qui ?? Moi ?!! L'inventeuse du très sérieux "Craquage de slip" ? (qui a aujourd'hui passé les frontières, puisque sa version québecoise existe). Bon oui j'avoue, si certains craquent sur le chocolat (ça aussi...), les fringues, l'alcool, moi ce sont les livres. Mais comme Keisha, j'ai découvert avec plaisir, le monde fantastique des bibliothèques ! Et habitant une grande ville, j'ai accès à 8 bibliothèques et une médiathèque. Bref, je ne m'en sors plus... 

A quelle fréquence achètes-tu des livres ?
En lisant la réponse de Keisha, je me retrouve beaucoup. Plusieurs fois par an, vous le savez. J'en offre également beaucoup (et je les lis bien évidemment au passage). J'ai aussi une sorte de liste imaginaire de livres à posséder (plutôt qu'à emprunter), et il y a ceux que je ne trouve pas en bibli (chose rare mais exemple tout récent : Andrès Neuman).
 
As-tu une librairie favorite ?
En aparté, je ne supporte pas l'adjectif "favorite" - d'abord parce qu'en français, il existe le mot "préféré" que je trouve beaucoup plus joli à l'oreille. Favorite vient tout droit du terme anglais. Étant bilingue, je devrais trouver ça sympa, mais non je sursaute à chaque fois que je le croise. L'adjectif (et le nom) favori existe aussi en français et malheureusement, ce dernier est tombé rapidement en désuétude. 

Sinon, pas de librairie préférée. Je pousse la porte d'une librairie, et hop je suis transportée ! J'étais à Oxford et j'ai poussé la porte de plusieurs librairies, excitée comme une gamine à chaque fois. Les bibliothèques : idem (avec ce silence religieux qui me plait tant), et puis je veux aussi citer les marchés de vente de livres (je les fréquente peu, étant au travail mais j'aime aussi me promener au milieu des stands). Bon, s'il faut en citer une ou deux, je vous conseille la librairie Coiffard à Nantes, car elle est très belle - et on y trouve plein de pépites ! (7-8 Rue de la Fosse) et la librairie Durance également (4 allée d'Orléans). Elles sont très proches l'un de l'autre et il y en a plein d'autres !

Fais-tu tes achats livresques seule ou accompagnée ? 
Seule, comme Keisha qui le dit très bien "rares sont les gens qui comprennent qu'on puisse passer des heures en librairie".  Car lorsque je pousse la porte, c'est rarement pour moins d'une heure. D'ailleurs, lors de mon séjour à Oxford, nous sommes toutes allées dans la même librairie mais de notre côté, à des jours différents!


Librairie ou achats sur le net ? 
Je rejoins encore Keisha, pendant longtemps, c'était impossible de trouver des livres en v.o en librairie. Depuis, fort heureusement, la section "livres en langues étrangères" s'est bien développée dans diverses librairies. Malheureusement c'est souvent des classiques ou des romans jeunesse, ou le dernier 50 nuances ...  Il m'arrive donc encore de commander sur Internet. Également lorsque je cherche des vieilles éditions, attention cela veut dire que j'ai écumé les 3 librairies d'occasion de ma ville auparavant.  
Sinon, tous les autres livres, c'est sur place.


Vers quels types de livres te tournes-tu en premier ? 
Avant, car oui c'était avant, j'étais beaucoup plus sectaire : le rayon policier/thriller et romans américains. Depuis, ce sont tous les rayons ! D'où les heures passées en librairie........



Préfères-tu les livres neufs, d'occasion ou les deux ? 
Les deux, mon capitaine ! J'aime aussi l'odeur du neuf, j'adore certaines collections, très belles. Mais les occasions, je vote pour car j'ai beaucoup de retard à rattraper.



Qu'aimes-tu dans le shopping livresque ? 
Si je pars avec un ou deux titres en tête et que je ne les trouve pas, là ça devient très frustrant - mais sinon j'adore y aller en me laissant porter et je finis toujours par trouver mon bonheur.. une fois, deux fois .. dix fois ! C'est un peu comme une drogue, je me sens repue une fois sortie de la boutique un sac en main rempli de livres !

Te fixes-tu une limite d'achat par mois?
J'aimerais et j'essaie mais difficile ! Disons qu'avec les librairies de livres d'occasion, je me dis toujours que ce n'est pas cher - sinon j'emprunte beaucoup (ouf!) 

A combien s'élève ta wish-list ? 
Une bonne centaine de livres repérés à la BM (mon réseau de biblis et médiathèques) et sinon une dizaine sur mon blog (des achats).

Cite 3 livres que tu veux TOUT DE SUITE !  
- Battues d'Antonin Varenne
- Tous les démons sont ici de Craig Johnson
- Entre frères de sang d'Hernst Haffner 

Pré-commandes-tu tes livres ? 
Une fois tous les dix ans. Là j'ai annulé car j'ai trouvé le livre à Oxford. 

Pourquoi un tel pseudo/nom de blog ? 
L'explication est . Depuis, c'est comme un second prénom, je le trouve très joli et si je publie un jour quoi que ce soit, ça sera sous ce nom ! It's mine ;-)

Parle-nous de ton prof préféré. 
Solange, ma maitresse de CE1 et CE2 car elle me laissait aller seule à la bibliothèque pendant que les autres élèves jouaient dehors. Elle avait pris une jolie photo de moi, assise par terre, occupée à lire un livre à la bibliothèque. 

Parle-nous de ton premier concert. 
Le premier, oh ça remonte ! Mais j'ai vu ZZ Top, je devais avoir 11-12 ans. Je les avais trouvés vieux et impressionnants ;-)

Quel est ton endroit préféré au monde ?
Pas un endroit spécialement : le Montana, Tallinn, le Vietnam, une bibliothèque, une librairie, un aéroport car je vais m'envoler... 


Un endroit que tu aimerais visiter ? 
La Nouvelle-Zélande, la Tasmanie, la Patagonie, Buenos Aires, les pays scandinaves, l'est de la Russie, l'Afrique du Sud, la Namibie .. j'arrête ?! 

Parle-nous de quelque chose qui te rend complètement folle en ce moment. 
Enthousiaste ? Pas grand chose sinon mes futures vacances (je ne bouge pas mais la plage, le transat, les livres...) j'ai hâte ! 

Si tu pouvais posséder instantanément quelque chose, rien qu'en claquant des doigts, qu'est-ce que ce serait ? 
Un ranch au Montana avec mes bisons et mes chevaux. 

Qui tagues-tu ? 
Quai des Proses, Marie-Claude, Gabriel, Hélène et tous ceux qui le souhaitent ! Même Keisha  !

Thursday, July 23, 2015

Jeu de piste !

Je suis partie pour ce pays et en particulier cette cité légendaire. Au lieu de vous donner le nom immédiatement, j'ai décidé d'inventer un petit jeu de piste afin que vous puissiez deviner ma destination. 

Même si ce blog est essentiellement littéraire, je classe ce billet dans la catégorie Miscellanées et je ne m'éloigne pas des livres puisque ce lieu regorge de bibliothèques et de librairies. Qu'il est aussi le lieu où d’éminents écrivains ont étudié et/ou enseigné. Bref, un lieu qui ne peut que plaire aux amoureux des livres (et des enquêtes policières puisque 2 policiers célèbres y ont et mènent encore leurs enquêtes). 

Une idée ?

Je n'ai jamais lu un seul livre de cette saga aussi je me fie sur les internautes pour ce premier indice ...
L'auteure britannique a sûrement puisé dans ces lieux magiques l'inspiration pour certaines scènes de son récit. 


Dans ce même lieu, on y voit les jeunes héros emprunter plusieurs fois cet escalier immense ..


Son père était le doyen de cette université. L'un des professeurs créa un monde merveilleux en s'inspirant d'elle (et en lui donnant le même prénom) et l'animal toujours en retard n'est autre qu'une représentation du doyen (qui ne finissait jamais ses repas et sortait du réfectoire par une porte dérobée).
(PS : je suis raide dingue de cette photo)


Il fut élève puis professeur (Beowulf) dans ce magnifique collège. 
J'ai vraiment hâte de marcher dans ses pas !


Tout jeune sur ce portrait - difficile d'imaginer qu'il allait inventer un monde qui fait encore à ce jour rêver des millions de personnes, dont moi la première. Il y reviendra comme professeur et surtout il se mettra à la dure tâche de l'écriture de ce récit .. qui lui prendra 11 ans de sa vie ! 


Plus tard il aimera fréquenter ce pub en compagnie d'un autre écrivain célèbre, prolixe, converti au catholicisme dont les chroniques allaient le rendre célèbres. 
Écrivain aussi passionné de fantasy que lui mais avec qui il se fâchera malheureusement ... 


Parlons pubs justement, c'est dans cette même ville que nos chers policiers anglais,  Endeavour (jeune ou vieux) ou plus récemment le tout jeune retraité Robert L. accompagné de son bras-droit Hathaway aiment venir boire une bière et discuter de leurs enquêtes, le long de l'Isis. 


Pour ma part, je compte bien découvrir les 25 000 ouvrages de cette célèbre librairie, en plus de tous ces lieux mythiques !


Alors, avez-vous découvert l'endroit où je vais passer quelques jours ?

Et le nom des inspecteurs ? Des auteurs ? Du pub ? Du collège ?

De retour en milieu de semaine prochaine, soyez sages d'ici là !

Tuesday, July 21, 2015

Miscellanées

Et de retour avec le troisième numéro de Miscellanées.  Cette fois-ci je ne pense plus avoir à expliquer cette chronique. Mes courtes vacances approchent mais en attendant je suis toujours présente et je voulais revenir vers vous au sujet de deux ou trois thèmes qui font quelque peu parler en ce moment (sur la blogosphère mais également dans tous les médias). 

  1. En premier lieu, la sortie du dorénavant très controversé Go set a watchman d'Harper Lee. Pour ceux qui n'auraient pas suivi l'histoire, le premier chapitre de la suite de To Kill a mocking bird a été publié (il est disponible en anglais sur le site de The Guardian et en audio avec la voix nasillarde de Reese Witherspoon. J'ai profité d'une balade avec ma mini saucisse à l'ombre des arbres pour écouter la version audio. L'action se déroule vingt ans après le premier roman lorsque Scout, installée à New York, retourne dans sa ville natale rendre visite à son père, Atticus Finch, alors âgé de 72 ans. Pour ceux qui comme moi attendaient avec impatience la sortie de ce livre, ce premier chapitre est prometteur, on retrouve les personnages que l'on aime et on est évidemment choqué d'apprendre le décès de...  (je ne dis rien), mais ce qui a créé ces derniers jours une véritable controverse est la chronique du New York Times qui révèle que l'homme juste qu'était Atticus Finch est devenu raciste.


    Il assiste à des réunions du Ku Klux Klan et dit à sa fille de se méfier des "Negroes". Que s'est-il-passé pour que le défenseur d'un homme noir noir, injustement arrêté pour le viol d'une femme blanche devienne raciste ?  En premier lieu, rappelez-vous que la romancière américaine a écrit ce livre avant d'écrire To Kill a Mockingbird. Et que son écriture comme l'action se situent dans les années 50 où la ségrégation est encore légale et pratiquée dans le Sud.  J'ai préféré lire les premières critiques de lecteurs et ils sont enthousiastes car malgré tout le livre se tient et Scout est là pour apporter un regard sur son père et sur ses idées. Et Atticus Finch reste Atticus Finch. J'ai pré commandé le livre (que je lirai normalement en fin d'été).

  2. La rentrée littéraire approche à grand pas. Cet été des centaines de personnes (critiques professionnels et amateurs) dévorent tous les romans pour nous inonder à la rentrée ....
    Mais revenons au sujet de ma chronique : j'ai lu hier un article intéressant sur une blogueuse (qui travaille dans le domaine de l'édition) et qui lisait livre après livre, comptait le nombre de pages lues .. mais au final, oubliait chaque livre car elle ne plongeait jamais réellement dans l'histoire. Son rythme (30 à 60 pages par heure) étant plus important que l'exercice même de la lecture. Et puis, elle est tombée sur un os : le recueil de nouvelles d'une romancière dont le style (plus de 20 nouvelles très courtes) l'a forcée à s'arrêter, puis lire et relire les mêmes phrases pour que "la digestion" se fasse. Elle a eu pour réaction de paniquer (prenant énormément de retard dans son planning effréné de 4 livres par semaine), mais au final elle a réussi à retrouver le sens même du plaisir de la lecture. De sa signification. Et nous explique à quel point on peut se laisser avaler par cette pression permanente ...


    Pour ma part, je lis vite - je suis dans la moyenne haute. Mais je lis tout, je ne fais pas de lecture rapide qui consiste à lire la première et la dernière phrase d'un chapitre, non je lis tout mais vite.  Et je lis à mon rythme. Je peux passer (comme ce fut le cas pour The Homesman) une semaine sur un livre et parfois seulement un ou deux jours.  J'ai un programme de lecture mais je ne me force jamais à lire "pour lire". Non, et puis c'est le signe chez moi que je n'y trouve pas de plaisir - or un livre, s'il est bon, doit vous donner envie de vous y plonger, d'y revenir sans cesse, de ne pas lâcher les personnages comme ce fut le cas avec Le chant des plaines de Kent Haruf. Et le meilleure livre, c'est celui où je repousse la lecture des deux ou trois dernières pages, car je sais que je vais devoir quitter des personnages auxquels je me suis profondément attachés.

    En lisant l'article de cette blogueuse américaine, je me suis demandée comment faisait les critiques littéraires à l'approche de la rentrée (plus de 600 livres si je ne me trompe), j'avais lu ci et là que certains ne lisaient que deux ou trois chapitres pour émettre ensuite un avis dit "complet". J'ai appris qu'à Canal +, le présentateur lit deux ou trois pages (oui ..) pour juger un livre .....

    Sujet différent mais proche, j'ai vu l'autre soir un reportage sur les guides touristiques. Il suivait celle qui s'occupait du Guide du Routard pour l'Espagne et j'ai été choquée de voir qu'elle ne passait que deux jours à Madrid (ou Barcelone), ne dormait jamais dans les chambres d'hôtels qu'elle notait, et enchainait deux ou trois bars à tapas en un soir et hop la mise à jour était faite ! Quelle horreur ! Tout doit aller vite et au détriment d'une véritable expérience.  Pour revenir aux livres, ils méritent qu'on s'y arrête, qu'on s'y reprenne. Qu'on les pose puis qu'on aille les reprendre.

    Je sais que les médias vont nous inonder de billets à la rentrée. Je comprends ceux qui son fidèles à des auteurs qui ne sortent leurs nouveaux romans qu'à l'occasion de la rentrée. Mais dans l'ensemble, je n'en fais pas partie (vous l'aurez remarqué en lisant mon blog) donc de fait tout ceci m'intéresse peu. C'est quand même étrange ce jeu de course hexagonal, non ? En attendant, je vois trois livres qui m’intéressent et sont tous américains (méchant Gallmeister qui les sort à cette occasion !). Sans doute iront-ils tous droit sur ma lettre au Père Noël sauf si je craque en lisant telle ou telle chronique (d'un blog) élogieuse !
     
  3. Dernier point : mes étagères explosent et je parle pas de livres conservés dans des boites en carton. J'ai décidé de faire le tri, oui - moi qui n'arrive jamais à donner des livres, il est temps ! J'ai eu une longue période thrillers (dans les années 2000) et surtout je lisais principalement en anglais. J'avais conservé tous ces livres mais je réalise aujourd'hui que, je ne relirais probablement jamais ceux que j'ai lus et les autres attendent depuis trop longtemps pour trouver le chemin de mon regard.


    Je ne sais pas combien de livre vont ainsi partir vers une nouvelle destination (pas la poubelle non, ça jamais !) soit Emmaüs, soit une librairie d'occasion, ou le bon coin ? Ou Amazon ? Je n'ai jamais fait ça. Je me demandais juste si ça pouvait intéresser certains d'entre vous, mes lecteurs ? Je vous préviens, on sera loin de Kem Nunn ou McCarthy !  Mais je pensais peut-être proposer la liste avant de les donner ou les revendre ? Qu'en pensez-vous ? Et si je les vends ça ne sera pas cher (je ne comprends pas le principe de revendre pratiquement au même prix qu'un neuf). Mes livres sont en général bien conservés sauf évidemment quand ils proviennent déjà d'une librairie d'occasion. Bref, je papote .. Il faut surtout que je me lance et ça va faire mal, car j'adore mes livres. Au final, il se peut que je n'en laisse partir que quatre ou cinq ! 

    4.   Pour finir, je partage le même voeu qu'Amanda Patterson, l'auteur de ce dessin - pas vous ?

Copyright Amanda Patterson "Oh I wish I could"



Sunday, July 19, 2015

Jours tranquilles, brèves rencontres

Hédoniste et éternelle amoureuse, Eve Babitz possède une voix sans égale qui nous entraine à travers une ville frénétique comme un studio de cinéma et pétillante comme une coupe de champagne.

Quand Los Angeles devient une femme, elle est la meilleure amie, alliée et confidente d'Eve Babitz. Figure incontournable des années 60, connue pour ses amitiés et amours multiples, de Jim Morrisson à Ed Ruscha - la jeune femme devient l'égérie du tout Hollywood, bobo pseudo-intellectuelle elle vogue d'une propriété à l'autre, d'un restaurant au Château Marmont, croise starlettes et producteurs, musiciens et scénaristes, promenant au coeur de ce monde à paillettes son insolente sensualité. 

Eve Babitz possède énormément d'esprit et lorsqu'elle confie sur papier ses jours tranquilles et brèves rencontres, elle nous offre une vision du Los Angeles des années 60 et 70 en kaléidoscope. La jeune femme tombe amoureuse comme on se réveille, s'émerveille de la beauté physique du premier venu, et s'épanouit dans cette ville tentaculaire, où dit-elle tout le monde semble errer âme en peine jusqu'à la première pluie. 

La pluie libère tout - elle efface ce méchant smog, les habitants recouvrent la vue sur la baie, la mer et profitent de cette fraicheur momentanée pour sortir de cette torpeur qui semble habiter en permanence cette ville. L'an dernier, nous nous sommes perdues à Los Angeles,  l'adresse de l'agence de location de véhicule se situait sur Airport Rd et ...il y a 4 Airport Rd à Los Angeles ...  Je me souviens de ce quartier en particulier, où les petites maisons aux couleurs pastel semblaient être écrasées par la chaleur. Nous avions beau repasser dans la même rue, pas un mouvement, pas un chat. Pas un signe de vie. Los Angeles ne se réveille qu'en soirée, quand la fraicheur s'installe, une coupe de champagne à la main. Et Eve Babitz m'a de nouveau embarquée aujourd'hui dans cette ville unique, qu'on aime ou qu'on déteste. 

La jeune femme est une artiste, engagée comme illustratrice d'albums (Les Byrds, Buffalo Springfield) elle a publié des articles dans les magazines Vogue, Cosmopolitan, Esquire ou Rolling Stones. Puis des livres qui ont, comme ce récit, merveilleusement dépeint la vie culturelle à cette époque (des années 60 au début des années 80).

J'ai dévoré ce livre - l'artiste possède un style personnel raffiné, suranné et sucré. Un plaisir de lire ses mots, ses divagations et ses rêves éveillés. C'est une enfant de son temps. Eve sort beaucoup, avale les Quallude comme des M&Ms et sniffe de la cocaïne. Elle reste néanmoins lucide et contrairement à tous ses amis, qui finissent par se suicider, elle garde une magnifique joie de vivre et un sens de la curiosité qui lui permet de prendre suffisamment de recul pour ne pas sombrer dans cette mélancolie californienne. Car le vide n'est jamais loin. Ou le creux. Eve Babitz ne cesse de décrire ces immenses haciendas ou "espaces" (terme à la mode) d'un blanc immaculé - antichambre de la mort où ces stars viennent ici s'isoler et finissent par en mourir. Le blanc est l'ennemi du bonheur à en croire Eve.

"N'ont-ils pas conscience qu'ils vivent en plein dedans ? (..) ou est-ce qu'une partie de ce qu'ils paient correspond à la prétention que ça n'existe pas ? Enfin, même un roi et une reine apprécieraient le paysage. Mais ces gens-là font comme si ce n'était simplement pas trop mal. Tout est verrouillé et d'un poli parfait, et ils ont les yeux fixés sur combien tout est impeccable plutôt que sur la baie ou sur le coucher de soleil". (p.184)

Eve Babitz et Marcel Duchamp

La jeune femme cite ici ces maisons d'Emerald Bay ou de Palm Springs. Elle n'a pas tort, toutes les femmes qu'elles croisent finissent par se foutre en l'air. Drôle d'époque. Elles "ont tout" et pourtant n'ont rien. Esseulées, elles trimbalent leurs maux de tête et leurs dépressions à travers les continents et reviennent toujours à Los Angeles pour en terminer.

Eve Babitz n'a rien de commun avec elle. En premier lieu, le poids. Eve n'a rien de la brindille qui sautille sur les genoux de Mick Jagger ou de George Harrison. Elle a des formes - et ça plait aux hommes. Elle est intelligente et spirituelle. Elle connaît ses atouts et ses faiblesses (les hommes très beaux) et surtout elle retranscrit parfaitement ce monde où tout le monde joue un rôle, les échanges sont futiles et mondains. L'ennui mortel mais Eve s'y sent bien, légère et pétillante.

Son secret ? Peut-être l'amour qu'elle porte à cette ville - un regard unique alors que les autres n'y sont que pour le business.

"Pas un nuage, vingt-cinq degrés, pas d'explication, mais il plut. Il plut sur le chaud et le gras de l'asphalte chaud et huileux et cela fit sentir la pluie. Il plut le gris du paysage, comme ça, en un clappement de sa fausse manoeuvre. Le grand bleu de là-haut nous fondit dessus comme un zoom alcoolisé opérant sa mise au point à la vitesse de l'éclair. C'était comme si Dieu s'était décidé à changer de décor sans prévenir personne. Los Angeles vit d'immenses rais jaune vif de lumière solaire surgir par les fenêtres des bureaux. Les jonquilles vinrent à l'esprit. Les violettes". (p. 114)

Un vrai plaisir que cette lecture, parfaitement estivale - achevée dans un transat, le sourire aux lèvres.

Je finis sur les mots du New York Times qui livre pour moi la meilleur critique : "Sensuel, raffiné, spirituel, un phrasé au charme lumineux digne de Fitzgerald" et moi qui suis fan de Fitzgerald, j'approuve !


Editions Gallmeister, collection Totem, traduction Gwylim Tonnerre, 221 pages.

Friday, July 17, 2015

Challenge Canada (mise à jour)



C'est Marie-Claude qui m'a poussé à faire ce challenge en douze romans et je ne regrette pas ! Il m'aura fallu du temps pour trouver des livres prenant place dans chacune des provinces et territoires canadiens. J'ai choisi les mêmes pour les territoires du Nord au départ, n'ayant que peu de connaissances sur les écrivains canadiens et lui faisant confiance. J'avais par contre déniché, après quelques heures sur la toile, d'autres auteurs pour les autres provinces. Entre temps, Marie-Claude a essuyé quelques échecs qui m'ont fait réfléchir à ce challenge. 

Pas de grand changement si ce n'est pour le Manitoba Les Troutman volants de Miriam Toews prévus à l'origine ont déçu mon amie québécoise. 

Et fait étrange .. j'ai commandé La mémoire des pierres de Carole Shields et surprise Marie-Claude a fait pareil ! La couverture du livre est quelque peu décevante donc je vous montre une autre version car je préfère me concentrer sur l'histoire :

Daisy Goodwill est née dans le Manitoba en 1905, et c'est en Floride qu'elle décède dans les années 90. Carole Shields va suivre ce personnage ordinaire, née au début du siècle, élevée par son père tailleur de pierres voyageant à travers le Nouveau Monde. Mariée deux fois, veuve deux fois et mère de trois enfants Shields fait de Daisy une héroïne des temps modernes. Elle va incarner ce siècle foisonnant, changeant et évoluant sans cesse à travers ses joies et malheurs. 

J'espère ne pas être déçue, les critiques sont élogieuses donc je pars assez sereinement surtout que l'auteur a reçu pour cet ouvrage le Prix Pulitzer en 1995 ! Un an après Annie Proulx et son merveilleux Noeuds et Dénouements.

Deuxième changement : le Saskatchewan où j'ai pour ma part, trouvé le livre Un oiseau dans la maison de Margaret Laurence.  Ce titre vous parle ? Oui, si vous lisez le blog de Marie-Claude. En fait, lors de la parution de son billet, nous échangions à travers les commentaires et j'avais passé une soirée à rechercher des auteurs canadiens célèbres (Wikipedia) et j'avais trouvé Carole Shields et Margaret Laurence. J'ai hésité entre plusieurs titres pour cette dernière mais mon choix s'est finalement porté sur l'histoire de cet enfant.


A l'âge ingrat de douze ans, Vanessa McLeod vacille au bord du gouffre séparant l'enfance de l'adolescence. Prise entre ces deux mondes, celle qui "déteste le fait d'être si jeune" grandit dans une imposante maison de briques où elle est un témoin privilégié de la vie qui bat au sein du nid familial. En huit histoires qui forment autant d'étapes d'un parcours menant à l'âge adulte et jalonné d'épreuves, de petits miracles et de grands deuils, elle se fera la chroniqueuse d'un clan fascinant, miné par la maladie et la folie. 

Les Editions Joëlle Losfeld ont choisi de publier ce dernier opus. Sachez que l'auteur a créé une ville imaginaire, Manawaka, où se déroulent plusieurs de ses romans dont celui-ci. Pas d'ordre de lecture à suivre. Tant mieux. 

Si je tombe amoureuse du style, je vais m'empresser de me procurer les autres. 




Normalement, je ne devrais plus toucher à ce challenge - en sachant qu'il me manque encore les ouvrages pour le Territoire du Nord-Ouest, le Québec et le Nunavut. Si je n'arrive pas à les dénicher, j'irai piocher chez Marie-Claude !

Wednesday, July 15, 2015

The Homesman

J'avais déjà vu l'excellente adaptation cinématographique signée Tommy Lee Jones lorsque j'ai entamé ma lecture de mon deuxième roman de Glen Swarthout. J'adore les western même celui-ci, sorte d'ovni puisqu'ici il n'est ni question d'Indiens, de scalp ou de chasseurs de bisons. Swarthout nous offre un drôle de voyage :  en 1855, un convoi quitte l'Ouest sauvage (futur état du Nebraska) pour l'Est, retour vers les terres civilisées de l'Iowa,  à Hebron. Composé de 5 femmes et d'un homme, le convoi prend ainsi le chemin inverse de milliers de migrants, hommes, femmes et enfants partis se procurer de nouvelles terres, plein d'espoir, vers l'Ouest etrepoussant sans cesse la "frontière". 

L'héroïne, Mary Bee Cuddy est considérée comme une vieille fille. Âgée de 31 ans et considérée trop autoritaire et laide,  elle n'a toujours pas trouvé mari. Elle enseigne dans une petite bourgade sauvage de l'Ouest, frappée en cette saison par un hiver qui refuse de s'en aller. Tempête de neige sur tempête de neige. Mary Bee a appris à gérer seule la tenue de son ranch. Monter à cheval, manier les armes, s'occuper des bêtes - rien ne lui fait peur. Pieuse, elle prend conseil auprès du Révérend Dowd et désespérée propose à un des ses voisins, plus jeune, de l'épouser. Premier refus. Mary Bee Cuddy ne conçoit pas le mariage comme un acte d'amour mais comme un contrat : deux personnes partageant les mêmes objectifs et s'entraidant. Bafouée, la jeune femme apprend par Dowd que sa seule amie (kilomètres à la ronde) Theoline Belknap a perdu la raison, après avoir accouché, à 43 ans d'un troisième enfant. Elle l'a laissé mourir de froid et est plongée depuis dans un terrible mutisme.

Dowd apprend à Cuddy que ce phénomène s'étend sur toute la région et que trois autres femmes sont également devenues folles, Gro Svendsen qui a essayé d'assassiner son époux, Hedda Petzke, catatonique depuis une violente attaque de loups et Arabella Sours qui a perdu ses trois enfants. Incapables de tenir leur maison correctement, de prendre soin de leur progéniture et de leur mari, elles sont devenues des fardeaux. Dowd a eu connaissance d'un précédent convoi qui a emmené ces femmes vers la civilisation, à Hebron en Iowa. Il propose aux 4 époux de payer pour leurs frais de voyage, de préparer des lettres à leurs familles (la plupart sont originaires de l'Est et ont encore de la famille là-bas). Le cas échéant, l'Iowa possède un asile. Le révérend propose de tirer au sort pour désigner la personne chargée d'emmener ces femmes. 


Le sort désigne Belknap mais l'époux se dérobe, il refuse net de partir. Mary Bee Cuddy propose alors de le faire à sa place. Qu'une femme le fasse parait fort peu raisonnable mais les époux n'ont pas d'autres choix. Une question de survie. Ces femmes leur demandent de l'attention, du temps qu'ils n'ont pas. Cuddy réalise cependant son erreur et trouve sur son chemin, un homme dont la vie ne tient qu'à une corde. Bandit, voleur, George Briggs, la cinquantaine, a été battu puis on lui a passé la corde au cou, les mains attachées dans le dos, il est en vie car sa monture n'a pas encore jugé bon de l'abandonner. En échange de la promesse de l'accompagner jusqu'à Hebron, Cuddy le libère. La cohabitation s'avère au départ difficile. L'homme rechigne à la tâche, il n'éprouve aucune sympathie pour ces femmes qu'ils jugent responsables de leurs situations. La neige succède à la neige et c'est en compagnie de ces compagnons de voyage étranges et deux mules que le convoi se met en route. 

"Soon, however Mrs Svendsen began to wail again, and was echoed by another woman, then another, and presently the voices of all four,  Gro Svendsen and Hedda Petzke and Arabella Sours and Theoline Belknap, joined in discord. It was a lament such as these silent lands had seldom heard. It was a plaint of such despair that it rent the heart and sank teeth into the soul. (..) It was as though the tragic creatures in the wagon could now, finally, discern what was happening to them : that they were being torn apart from everyone they loved, their men, their children born and unborn; and from everything they loved, their flower seeds and best bonnets and wedding rings - never to return". (p. 104)

Cinq semaines de voyage où ils vont devoir affronter toutes sortes d'obstacles, principalement cet hiver très rude, la nature peu complaisante et croiser en chemin des indiens. Mary Bee se sent proche de ces épouses, esseulées, malheureuses. L'une d'elle, aux accès de violence incontrôlables n'a pas su donner à son mari d'enfant. Chose impensable en ces temps. Forcée au devoir conjugal quotidiennement, elle n'éprouve plus d'amour pour son conjoint et développe peu à peu une haine féroce à son encontre. Le décès de sa mère, seule protection, va faire basculer la jeune femme. Idem pour Arabella dont les trois enfants vont tous décéder en moins de deux jours de la diphtérie. Que dire de Theoline dont l'époux a eu vite fait de lui trouver une remplaçante, âgée de 17 ans ? La Conquête de l'Ouest se fera sur leur sang, leurs tripes. Les femmes ne sont là que pour donner des fils et des filles en âge de travailler, tenir la maison, le poulailler. Elles ne sont que du bétail.

Cuddy se voit aussi abandonnée, par les hommes. Trompée, rejetée - éprouvée par ce voyage où elle perd tous ses repères, elle sombre peu à peu.


Je n'en dirais pas plus, mais sachez que Swarthout réalise un vrai tour de force. Non seulement en nous plongeant dans cette époque, mythique de l'Ouest, totalement méconnue du lecteur - on est très loin de la joie de vivre de la Petite Maison de la Prairie, ici Dame Nature donne mais reprend tout. Ces femmes, nées à l'Est, élevées dans des villes civilisées se retrouvent soudainement seules à affronter l'attaque des loups affamés (comme Mrs Petzker), la maladie de leurs enfants, les récoltes brûlées ou l'aridité de la terre. Chaque jour, elles doivent assurer le dur labeur quotidien sans jamais se plaindre.  Incapables d'exprimer la moindre émotion au début du voyage, la distance physique avec l'origine de leurs malheurs va avoir un effet positif. Les femmes ne se lamentent plus, se laissent soigner, emmener et vont trouver chez Briggs la protection et la sécurité dont elles ont besoin. Et Dame Nature leur offre les premiers signes du printemps.

Si Mary Bee Cuddy perd peu à peu confiance en elle, l'homme qu'elle juge rustre, sauvage, mal élevé, sans foi ni loi va peu à peu s'éveiller au monde et ce voyage va transformer Briggs en une personne qu'il n'aurait jamais soupçonné être un jour. Ainsi on comprend mieux le titre du livre, The Homesman - néologisme créé par Swarthout pour désigner cet homme chargée de ramener ces femmes dans leur foyer d'origine, à l'Est. (Traduit "le rapatrieur" dans la version française). La frontière invisible semble ainsi séparer ainsi le monde : La folie à l'Ouest, la raison à l'Est. 

Décidément, ce Swarthout a tout pour me plaire ! Quel plaisir de lire ses mots, ses textes. Hâte de découvrir ses autres écrits. Vous l'aurez donc deviné, encore un gros coup de cœur pour moi ! 

PS : J'avais beaucoup aimé l'adaptation cinématographique et étrangement je ne me suis souvenue de la troisième partie que peu de "pages" avant celle-ci (pourtant il s'en passe des choses, que je vous tais volontairement). Tommy Lee Jones et Hilary Swank ont parfaitement rempli leurs missions et je n'ai eu cesse de revoir pendant ma lecture le visage de ces deux êtres bafoués par la vie mais foncièrement bons. 


Éditions Simon and Schuster, The Homesman,  lu en anglais, 278 pages


Monday, July 13, 2015

(Mini) craquage de slip ! Bis



EDIT : Oops .. figurez-vous que j'ai croisé sur mon chemin .. ma librairie d'occasion préférée ! Bon impossible de trouver le livre que je cherchais (à croire que certains auteurs restent définitivement dans les étagères, tant mieux pour eux!) mais j'ai trouvé d'autres pépites qui portent donc à 12 mes achats (oui Gab, 12...)

Un mini ce coup-ci mais du beau et du neuf ! La faute à ... personne ! Me voilà dans les rayons de la libraire, incapable de m'arrêter ! Et à la toute fin deux jolis cadeaux. De quoi bousculer mon été ! 


1. La colline des Potences de Dorothy M.Johnson : j'avais déjà adoré son premier recueil de nouvelles Contrée indienne aussi impossible de résister à cette nouvelle édition, signée Gallmeister, of course. Je continue ainsi ma conquête de l'Ouest personnelle ! 10 nouvelles à dévorer. 

2. Julius Winsome de Gerard Donovan : découvert grâce à Marie-Claude dans un billet très très alléchant célébrant le retour à la nature. Je sais qu'il s'agit ici d'un roman noir, et moi qui adore mon chien je vais souffrir avec le personnage principal  ;-)

3. Duane est dépressif de Larry McMurtry : je lis chaque McMurtry avec plaisir, je prends mon temps, j'ai encore deux ouvrages de lui qui m'attendent. Je ne me suis jamais remise du cultissime Lonesome Dove. et je n'ai pas pu résister à me procurer cet ouvrage.  Je viens de réaliser que ce livre fait aussi partie du même billet de Marie-Claude. D'une pierre deux coups !



4. Alphabet city d'Eleanor Henderson : je vous avais récemment cité ce livre dans ma chronique Ils me font de l'oeil. Ce livre est la raison principale de mon passage à la librairie. Je n'avais pas prévu la suite. Le film a été récemment adapté au cinéma.  New York, 1987 - le mouvement punk. Tout me plait ! 

5. Luke et Jon de Robert Williams : J'avoue que c'est la couverture qui m'a attiré dans ce court roman qui raconte la rencontre entre deux adolescents dans la campagne anglaise. La critique du Figaro a eu fini de me persuader : "Luke et Jon, premier roman de Robert Williams, est la chronique poétique et lapidaire d'une  rencontre brutale et touchante".

6. Terreur apache de W.R Burnett  chez Babel. Bertrand Tavernier a écrit la postface - une bonne chose que ce réalisateur participe à la résurrection de tous ces western, parfois totalement oubliés. J'ai hâte de le lire et retourner en pays apache ! Pas vous ?! 

7. Un oiseau dans la maison de Margaret Laurence pour mon Challenge Canada. J'ai hâte de découvrir cet auteur majeur dans la littérature canadienne. L'histoire de Vanessa McLeod, âgée de douze ans qui va, en racontant en huit étapes son histoire personnelle, se faire le témoin d'un clan fascinant miné par la maladie et la folie. Editons Joëlle Losfeld (très belle couverture). 

8. Jours tranquilles, brèves rencontres d'Eve Babitz : ma lecture du moment ;-) Je vous en parle très bientôt. Je change totalement de sujet puisqu'ici nous voici plongé dans la ville fascinante de Los Angeles dans le monde des starlettes et d'Hollywood. Je remercie à nouveau les éditions Gallmeister pour ce cadeau. 

9. Blé d'hiver de Mildred Walker : la couverture de ce livre et sa quatrième ont tout de suite emporté mon adhésion. L'histoire se déroule sur les terres arides du centre du .. Montana ;-) Au début des années 40. "Ne manquez pas la brillante métaphore de Blé d'hiver. C'est le type de graine le plus adapté aux grandes plaines du Montana. S'il est semé correctement au bon moment, si les dieux, le temps et la terre sont bienveillants, il donnera une récolte aussi réjouissante pour les finances que pour l'esprit. Mais s'i y a trop ou trop peu d'engrais dans le sol, si l'hiver est sévère et les vents trop violents ou qu'une tornade s'abat sur votre ferme, alors tout s'écroule : l'espoir et les finances. Cette métaphore prégnante est à l'image de la vie d'Ellen Webb, de son combat pour surmonter les difficultés, recouvrer foi et courage et comprendre enfin que sa vie et celle de ses parents a un sens."

10. Demande à la poussière de John Fante : pas une seconde d'hésitation en le voyant ! J'ai sauté dessus même si l'exemplaire a vieilli, les pages un peu jauni mais Jérôme en parle si bien dans son billet. Des histoires, me dit la quatrième, des histoires donc de loyer qu'on ne peut pas payer, et de bistrots minables où le café est pire que l'eau de vaisselle. C'est à Los Angeles. C'est triste, c'est génial, c'est plein d'amour et ça se lit d'une traite. Hautement recommandé ! Mais je vais entamer ma découverte de Fante dans l'ordre par Bandini .

11. La fin du vandalisme de Tom Drury : la faute à Marie-Claude! J'avais regardé si ma BM achetait les Drury mais non - alors quand je l'ai trouvé, comme neuf, en librairie ce soir, j'ai pas hésité une seconde : si comme moi vous n'avez jamais lu de romans signés de cet auteur Iowan, voici la présentation : "Dans le comté de Grouse, les chevaux marchent à reculons, un amant délaissé ravage la salle de bal au pied-de-biche, les tracteurs disparaissent sans explications, et les coeurs scintillent. Le shérif Dan est amoureux de la jolie Louise aux paupières qui font poink-poink. Au chaud dans leur caravane, ils s'aiment en écoutant tomber la neige. Car Grouse est de ces lieux où les flocons tintinnabulent ..  " et Elle de renchérir "C'est un petit miracle ! Ce roman épatant nous réchauffe le coeur, comme si son auteur venait de l'écrire rien que pour nous", ça donne l'eau à la bouche ?

12. Matilda de Road Dahl : un plaisir car je l'ai trouvé en anglais (je l'avais lu en anglais) pour 2 euros. J'avais consacré un billet à Road et à plusieurs de ses héros dont Matilda en 2011 sur mon autre blog. Par ici si vous êtes curieux.


Enfin, une jolie surprise dans ma boîte aux lettres, Sacré bleu de Christopher Moore ! J'adore ses livres, que j'ai encore prêtés récemment - et en voyant celui-ci, dont l'histoire me convainc encore une fois du talent de génie de cet homme, il me fallait en parler.  Dans ma chronique Ils me font de l'oeil, j'en avais parlé et une très gentille fée a eu la gentillesse de me l'envoyer ! Je remercie les éditions des Equateurs (quel joli nom) pour ce sublime cadeau ! L'histoire est rocambolesque : Van Gogh assassiné, Toulouse-Lautrec enquête .. Je sens que je vais bouleverser mon programme estival ! 

Saturday, July 11, 2015

Once upon a river

J'avais beaucoup entendu parler de ce livre autour duquel les gens s'accordaient pour le considérer comme un classique de la littérature américaine, proche des aventures de Huckleberry Finn ou du retour à la nature de Thoreau dans Walden. Bonnie Jo Campbell nous livre ici un roman dont l'action est contemporaine (les années 80) mais qui reprend ici "les mythes classiques de l'Ouest, si chers aux américains : une fable sur ces loups solitaires qui ont choisi de vivre au plus près de la nature, loin de la société et des hommes. Un retour à la nature".

Margo Crane a tout juste quinze ans, elle vit avec son père le long de la Stark River dans le Michigan. La jeune fille grandit seule et a comme meilleure alliée et amie la rivière. Elle passe ses journées sur la Stark et ne descend de sa barque que pour  aller chasser. Margo aime la chasse, pas l'école. La jeune fille se sent proche des Murray, cette famille patriarcale qui vit de l'autre côté. Des cousins lointains avec qui elle a grandi et célèbre les fêtes chaque année. Mais lors de la fête annuelle du 4 juillet, Margo, dont le corps de petite fille a cédé place au corps d'une très belle jeune femme, est violée par cet oncle qu'elle admirait. La jeune fille garde le silence mais elle ne peut réprimer la violence qui la ronge. Lorsque la vérité éclate et que son père apprend la vérité, la tragédie opère.

Margo, abandonnée par sa mère il y a huit ans se retrouve orpheline de père. La jeune femme, qui subit l'opprobre des Murray (la famille la plus influente du comté) décide de prendre sa barque et de partir à la recherche de sa mère. Pêche, chasse et nature - rien n'effraie la jeune fille. Pendant plus de deux ans, et au fil de plusieurs rencontres amoureuses et d'amitié, Margo vit sur son bateau le long de cette rivière. Elle ne sent bien que sur cette rivière et fuit la société ou tout ce qui y ressemble.

Voici en quelques lignes, le résumé de ce livre complexe qui m'a fortement dérouté. Pour plusieurs raisons que je vais tenter d'expliquer.

En premier lieu, j'ai lu le livre en anglais et il est évident que la romancière s'approche de la grâce lorsqu'elle décrit cet endroit, cette rivière. Comme beaucoup de romanciers américains, le nature writing est une seconde nature chez elle. Les passages sur cette rivière, parcours symbolique de l'enfance à l'âge adulte sont magnifiques et la lectrice que je suis a eu aussi envie d'embarquer avec elle et de fuir la civilisation.

Mais voilà mon souci : Margo Crane ne vit pas uniquement sur la rivière parce que c'est son lieu de prédilection, celui où elle s'y sent bien - Margo y vit parce qu'elle fuit tout en permanence, sa famille, les problèmes, le monde adulte, les responsabilités et tout ce qui la pousserait à faire face à ses peurs et à prendre les mesures nécessaires. Oh Margo est très indépendante, elle sait chasser, dépecer et tanner les peaux, mais Margo ne passera jamais plus de deux nuits à l'extérieur. Car Margo va croiser plusieurs hommes dont elle tombe amoureuse à chaque fois (autre souci du livre pour moi) et va donc s'installer chez eux. Elle est donc toujours prise en charge, au chaud et protégée. Il est normal qu'à son âge, Margo ait besoin de cette protection mais cela prouve aussi qu'elle n'est pas si autonome que la romancière voudrait nous le faire croire. N'est pas Huckleberry Finn qui veut. Le retour à la nature tant célébré ne dure que très peu de temps.



Le personnage de Margo est complexe et déroutant. Elle a subi un viol mais refuse d'en parler, puis s'exprime uniquement à travers les armes (en tuant des daims hors saison de chasse, parfois sans raison, ces passages m'ont perturbés) et le sexe. Car Margo semble aimer la chose (étrange après une première expérience sous forme de viol). La jeune femme s'éprend de chaque homme qu'elle croise, elle a constamment des envies charnelles qu'elle tente plus ou moins de réfréner.

Ces hommes ne sont pas fiables et Margo se retrouve à nouveau seule. Mais tous les hommes la désirent, et sa solitude ne dure jamais que deux ou trois jours. Finalement, Margo ira à la ville chercher sa mère et en reviendra. Un passage émouvant du livre que j'ai vraiment aimé. On voit ici l'abandon qui perdure, une mère aussi immature que la fille. Finalement, j'ai accroché à la fin du roman, Margo a perdu sa barque mais a fait la connaissance d'un vieil homme, Smoke, et de son meilleur ami, tous deux sexagénaires et amoureux de la nature. Le premier lui offre le gîte (sur son bateau, lui vit dans une caravane) et l'autorise à chasser et à vendre les peaux mais surtout il offre à Margo un semblant de vie de famille, une protection. Un vieil homme bourru, atteint d'emphysème qui ne représente donc plus aucun danger pour la jeune fille. Même si chez Margo, toutes ses rencontres finissent mal, j'ai beaucoup aimé ce passage.

Margo est une fille sauvage dans le sens où elle chasse, découpe l'animal, l'éviscère, récupère la peau, la tanne et la vent. Certains passages descriptifs peuvent être passionnant ou à l'inverse provoquer chez le lecteur une forme de répulsion. Ainsi, Margo enlève la peau des poissons sans les avoir tués auparavant, tue une femelle daim (enceinte) hors de la période de la chasse et semble y prendre plaisir. 

J'ai mis une semaine (chose rare chez moi) à lire ce livre, éprouvant une certaine antipathie pour le personnage principal. Ses réactions, ses lubies ou ses réflexions me laissant perpétuellement perplexes. J'aurais aimé qu'elle grandisse, comme la rivière, et qu'elle accepte les responsabilités (la fin laisse cependant entrevoir cette possibilité ou tout son contraire, et là c'est très inquiétant) or elle refuse tout en bloc. Ainsi, lorsqu'elle vit avec son voisin, un trentenaire cadre dans une entreprise, elle refuse systématiquement de lire des livres ou de retourner en cours. Son modèle est une héroïne du far-west Annie Oakley qui tirait plus vite que son ombre et faisait partie du Wild Wild Show. J'avoue m'être lassée de ces références et de cette attitude enfantine et capricieuse.

Attention, cet avis ne reflète que le mien. J'ai lu diverse critiques (certaines me rejoignent) et la majorité célèbre ce livre. Ainsi l'une des lectrices dit que Margo s'imposera peu à peu dans votre coeur et que vous la verrez ainsi grandir et apprendre à survivre. Qu'elle découvre la signification de l'amitié et la confiance. Comme le fleuve Kalamazoo, la fable de Campbell emporte le lecteur dans ses flots, comme un simple objet balloté ainsi par la vie qui doit apprendre à accepter les défis que la vie place sur votre chemin.

A l'inverse, une lectrice décrit le personnage comme une coquille vide et il est vrai, que pour moi, Margo qui aime par dessus tout le silence et ne parler que d'armes ou d'animaux morts, peut s'avérer ennuyeuse. Un personnage dont la vie n'aura été guidée que par de mauvaises rencontres avec des hommes qui ne cessent de profiter d'elles.

Si Margo se sent à l'aise et en sécurité sur la rivière, la majeur partie du roman se passe malheureusement sur le rivage au gré des rencontres amoureuses de Margo. Difficile de parler de ce que j'ai aimé sans trahir l'histoire, mais sachez que Margo ne cesse de surmonter des obstacles : violence, abandon, isolement, alcool, viol, etc. Margo se cherche et vous entraine ainsi au gré de ses divagations amoureuses ou marines.

Au final, je reste mitigée, d'une part parce que le livre est merveilleusement écrit par Bonnie Jo Campbell, que le lien presque maternel entre Margo et la rivière est fascinant, et d'autre part parce que je n'ai pas réussi à m'attacher à Margo dont les choix de vie m'interrogent.

Pour les lecteurs francophones, une édition en français existe et est disponible ici.


Éditions Fourth Estate, 346 pages
 

Thursday, July 9, 2015

Iles

"Je suis dans la Forêt du Nord à cinq kilomètres du bord. Le second campement a été construit et je suis maintenant à une heure du bord. Ce matin, je me suis discrètement éloigné. Je veux être seul quand j'atteindrai le bord de la forêt, quand je franchirai le bord. La forêt change enfin. C'est comme si elle se voilait, avant de révéler son secret. Il y a beaucoup plus de buissons et le terrain devient vallonné. Bientôt, je verrai le demi-jour, la clarté du demi-jour. Il fait déjà plus clair. Je ferai construire une maison là-bas. Elle n'aura pas d'avant ni d'arrière, pas de préférence pour la forêt ou la plaine ouverte. Je saurai me montrer généreux dans ma victoire sur la forêt verte. Au besoin, je ferai la maison toute ronde, c'est une idée, une maison ronde entourée d'une galerie ronde.»

C'est dans le cadre de l'opération de Masse Critique que j'ai reçu cet ouvrage. J'avoue que la couverture et cet extrait m'avait donné fort envie de m'embarquer avec lui pour les Indes néerlandaises (l'Indonésie actuelle) à la fin des années 30.

J'avoue de suite que je ne connaissais pas du tout l'auteur, A.Alberts, célèbre dans son pays. Et surtout je ne connaissais rien de son style, si particulier. Tout le long de ma lecture, je réfléchissais déjà à ce billet et à y écrire tous les écueils, ou plutôt les particularités de style qui rendaient cet exercice à la fois difficile et passionnant.

Je sais que ces propos peuvent paraitre étranges, mais A.Alberts va faire de son recueil de nouvelles (12) le journal de bord de son voyage dans l'imaginaire. Très loin du récit très terre à terre auquel je m'attendais. Ajoutez-y le style très particulier de l'auteur. A chaque nouvelle entrée dans son journal, le romancier néerlandais continue de me surprendre et me voilà relisant plusieurs fois la même phrase pour être sûre de ne pas avoir loupé quelque chose.

J'arrivais donc à la fin de ma lecture, prête à pondre un billet dense quand j'ai lu la postface et là surprise : je n'ai pas rêvé, les choix stylistiques de l'auteur n'étaient pas sortis de mon imagination - ce style si singulier avait fait la marque de fabrique de l'auteur. Un style déroutant mais suffisamment puissant pour que j'ai envie de m'embarquer avec lui au fin fond de cette île où les hommes semblent devenir fous.

Le choix narratif de l'auteur est singulier pour plusieurs raisons, en voici les principales qui ont de quoi me chambouler dans mes habitudes de lecture :

  1. A.Alberts privilégie des phrases très courtes, toute en retenue (comme ses personnages), l'effet obtenu est une impression de réalité modifiée, comme lorsque nous rêvons.  On ne sait jamais si ce qu'on voit est réel ou sorti de l'imagination du jeune fonctionnaire, envoyé sur cette île mystérieuse.
  2. L'auteur nous tient à distance, ainsi il empêche au lecteur toute forme d'identification. Je fus donc la première surprise de n'y voir aucune référence géographique, culturelle ou historique. Impossible de situer cette île sur une carte, de savoir qui sont les peuples indigènes de cette île, aucun nom.  Seules les mentions du bateau, de l'accostage, du village, des arbres, de la mer permettent au lecteur de comprendre qu'il s'agit d'une ile.  Cette suppression volontaire d'indications donne ainsi à l'histoire un aspect irréel, suspendu dans le vide. J'ai désespérément cherché des indices et je n'ai rien trouvé. L'effet attendu (?) et obtenu a été une forte volonté de continuer ma lecture afin d'obtenir des réponses.
  3. Le ton est plutôt nonchalant, le narrateur n'est pas follement intéressant, il aime l'île pour les siestes l'après-midi et les boissons au rhum. Il ne s'intéresse absolument pas à la culture locale, aux us et coutumes des habitants. Il les fait travailler sans état d'âme. Il développe de drôles d'obsessions comme d'aller au nord. Traverser cette maudite forêt.
  4. Sa technique d'écriture, ce ton décalé, ironique, exprimé en très peu de mots, sous forme de phrases courtes et répétitives (sans grand intérêt) facilitent la création de ce sentiment d'aliénation chez le lecteur. Tout devient irréel.  Etant plutôt cartésienne, je me demandais si ce journal de bord était une invention de sa part, le comportement du narrateur et celui des autres étant de plus en plus bizarres. 
  5. Les conversations dans le récit de l'auteur néerlandais sont rares et suivies de longs silences, d'une forme de gêne.  Cette impression est confirmée dans la postface qui précise que "les questions n'ont pas de but et les réponses ne répondent pas aux questions." Ici, ils semblent tout tâtonner, hésiter et ne se retrouver qu'autour du rhum ou de conversations futiles ou pis encore, leurs dialogues tendent aux malentendus, ainsi l'incompréhension est parfois totale entre les interlocuteurs. Quelle impression étrange pour le lecteur !
Ainsi, un des moments forts du récit est lorsque le narrateur interroge un habitant sur son choix de vivre de l'autre côté du marécage, et non dans le village - sa réponse m'a plongé dans une forme de désarroi et en même temps a provoqué chez moi un élan de curiosité : "Parce qu'il n'y avait personne au village avec qui parler".  Chez A.Alberts, toute forme de communication humaine est compliquée. Les hommes deviennent fous, développent de drôles d'obsessions. Le narrateur est obsédé par cette jungle qui occulte son horizon et semble développer ses tentacules autour de son habitat.

"La bande de palmiers est plus large ici que chez nous, dit le chef du village.
Mais nous sommes près de la mer, dis-je.
Oui, nous sommes près de la mer.
Et à combien du village ?
Oui, nous ne sommes plus très loin du grand village". (p.25)

Dans la nouvelle intitulée "L'île inconnue" (ironie ...) l'équipage d'un avion militaire américain doit atterrir d'urgence sur une de ces îles. Le cauchemar commence réellement lorsqu'ils se découvrent incapables de communiquer avec les indigènes afin de trouver de l'aide. Lorsqu'au final, ils arrivent à traduire le mot téléphone, ils sont soudainement libérés ! Délivrés - communication zéro.

Comme dans l'histoire précédente, intitulée "La dernière île" où un aventurier suédois embarque notre narrateur dans son délire personnel : partir à la recherche de célèbres plongeurs capables de remonter les filets de pêche. A chaque nouvelle escale, les indigènes confirment à avoir entendu parler d'eux mais les renvoient vers une autre île. Leur dernière destination leur apprendra qu'ils courent après une chimère...

Que dire de l'histoire où "Le Roi est mort" - on est proche de l'absurde, et ça en devient comique. D'ailleurs, les récits (tentatives souvent ratées, d'expéditions ou de missions,  de chasse à l'homme, etc.) provoquent le sourire chez le lecteur.

Je cite les mêmes histoires que la postface car elles m'ont marquées, comme elles vous marqueront. Je me veux rassurante : si les histoires ont une chute parfois étrange, on comprend quand même ce qui se passe. C'est le style narratif qui produit chez le lecteur ce sentiment d'être perdu, le narrateur lui, semble savoir absolument ce qu'il fait.

J'ai appris après ma lecture que l'auteur est né à Harleem en 1911. Qu'après avoir soutenu un doctorat en littérature et philosophie, il part à l'âge de 28 ans pour les Indes néerlandais en tant que fonctionnaire. Il y restera sept années dont la moitié dans un camp de concentration japonais. Les nouvelles de ce recueil, sous forme de journal de bord, n'ont été publiées qu'en 1952 et écrites à son retour.

"Haletant, je m'arrête sous un ciel immense. C'est donc cela, c'est ainsi. 
Une vaste terre aride, constellée de rochers, de grands rochers, vallonée, et de vagues montagnes bleues au loin.  (...) Je n'ai aucune envie de me mettre à fantasmer à présent sur ce qui pourrait se trouver au-delà. Cela devra me suffire. Je sais à présent ce qui se trouve au-delà de la forêt, et ça devra suffire. Je suis derrière la forêt". (p.35)

Un expérience unique de lecture qui me permet de mieux comprendre pourquoi l'auteur néerlandais est considéré comme un écrivain majeur chez lui. Si vous êtes curieux, lancez-vous !


Editions Piranha, recueil de 12 nouvelles, traduction Kim Andringa, 171 pages.