Monday, September 23, 2013

Mes lectures automnales

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La liste de mes futures lectures pour cet automne (7 livres dont 3 avec des Indiens).
Si de temps en temps, vous jetez un œil à mes lectures en cours, vous aurez remarqué que je lis, à nouveau, mon roman préféré : Franny and Zooey de J.D Salinger. Vous ayant ces derniers temps largement embêté avec la sortie d'un documentaire, puis d'une bibliographie et enfin de romans ou nouvelles de l'écrivain lui-même, j'ai forcément eu envie de retourner rendre visite à sa plus célèbre famille, les Glass. Famille désaxée new-yorkaise que l'auteur affectionnait tant, en lui consacrant plusieurs nouvelles, et qui je l'avoue m'obsède toujours autant !

En attendant la fameuse suite annoncée, je retrouve avec plaisir les deux derniers de la fratrie, la troublante Franny et le sublime Zooey (oui c'est un garçon, il s'agit ici du diminutif de Zachary). Logiquement, je devrais vous annoncer l'arrivée d'un prochain billet, mais comme je l'ai déjà dit, j'ai toujours du mal à écrire sur mes romans, films ou musiciens préférés. Mais je vais tenter de le faire, promis !

J'ai découvert, très tardivement (à un mois et demi de mon changement de job), que l'on pouvait emprunter des livres à mon travail - J'ai jeté mon dévolu sur trois livres, dont je ne connais pas les auteurs (de nom oui, mais je ne les ai encore jamais lus) :

- L'enfant allemand de Camilla Läckberg - j'aime les enquêtes policières, les romans nordiques et pourtant je n'ai encore jamais lu une seule œuvre de la romancière suédoise. Sans doute parce que justement je craignais l'overdose. Mais je me lance, on verra bien.

- Le Palais de verre de Simon Mawer - j'avoue que la quatrième de couverture et le mot de l'éditeur m'ont emballés : "À travers les aventures d'un couple juif en Tchécoslovaquie dans les années 20, de leur famille et de leur maison, Simon Mawer dresse un portrait fascinant de six décennies de l'Histoire européenne".
Le livre a reçu plusieurs prix, je n'ai encore lu aucun billet sur un blog littéraire sur ce livre. 

- Murmures de glace de Bettina Balàka - premier roman de l'auteur autrichien traduit en français, je remonte à nouveau le temps dans une enquête policière. A voir !
"Vienne, 1922. Balthasar Beck rentre chez lui après sept années de guerre et de captivité en Russie. Le retour de Beck « à la vie civile » coïncide avec une étrange découverte  : un squelette exposé sur un tapis de feutre vert dans la cour intérieure d’un immeuble".

ACHATS !!!! 

Et puis, j'imagine que cela arrive à d'autres, étant dans ma famille, la plus grosse liseuse, je suis devenue par la force des choses libraire et bibliothécaire - ma mère, ma sœur, mes amis, etc. m'empruntent mes livres, me demandent avis. Bon j'adore ça ! Je ne vous le cache pas ! A tel point que mes livres sont lus dorénavant par la famille très éloignée (au revoir cher ouvrage pendant au minimum six mois). Ma mère, se sentant coupable de ne plus acheter de livres,  m'a gentiment donner quelques billets verts samedi dernier. Évidemment, est arrivé ce qui devait arriver, au lieu d'attendre sagement d'avoir lu les trois livres empruntés, j'ai couru acheter des livres !

Seul bémol : je dois les lire en français, "mes clients" n'étant pas bilingues. Mais qu'importe, je ne vous raconte pas le plaisir ressenti en allant de rayons en rayons, choisir ses livres ! J'étais comme une enfant dans une boulangerie avec une pièce de deux euros à la main ;-)
Et en plus, cela m'a donné une idée pour mon blog (à suivre).

1/ Craig Johnson - Little Bird - Gallmeister
   
Est-ce un signe ? Trois de mes livres abordent le sujet des "Indiens d'Amérique", suis-je en manque de ces contrées lointaines ? Des Rocheuses ? Des réserves indiennes que j'ai traversées maintes fois ? (le terme "Native American" m'a toujours paru stupide, le mot America ayant été créé par les Européens).

Johnson signe ici le premier volet d'une saga qui met en scène le shérif Walt Longmire dans les vastes plaines du Wyoming. Alors que ce dernier est prêt à rendre les clés, le corps d'un adolescent est découvert. Celui-ci avait condamné avec sursis pour le viol d'une jeune indienne deux ans auparavant, les tensions entre les communautés sont ravivées, forçant ce shérif mélancolique et désabusé à mener l'enquête. 

Les critiques sont dithyrambiques. J'ai donc hâte de le découvrir.

2/ Louise Erdrich - Love Medecine - Le livre de Poche 

Le magazine Elle lui consacre un article pour son dernier livre, la romancière américaine, elle-même amérindienne, et gérante d'une bibliothèque  à Minneapolis, signe ici la version définitive de son premier roman (augmentée par ses soins) qui raconte les destins de deux familles indiennes, dans leur réserve du Dakota de 1934 à nos jours.
Hâte de le lire, voici les mots de la grande Toni Morrisson : "Une livre d'une telle beauté qu'on en oublierait presqu'il nous brise le cœur", que dire de plus ?

3/ Dorothy M.Johnson - Contrée indienne - Gallmeister

D'abord, je réalise peu à peu, que j'achète de plus en plus de livre de la maison d'édition Gallmeister, merci à eux de traduire tous ces livres (et ceux de Larry McMurtry) dans leur collection "une autre littérature américaine". 

Le destin de cette femme, née en 1905 (et décédée en 1984) est lui-même exceptionnel, ou plutôt, il me parle, car elle a grandi au Montana, et est allée à l'université de Missoula, devenue au fil des ans, un refuge et un lieu d'enseignement pour de nombreux écrivains. J'ai eu la chance d'aller plusieurs fois dans cette ville et de visiter l'université (soupir). Ici, il s'agit de la publication de onze nouvelles, dont deux jamais traduites, qui racontent les dures lois de l'Ouest. Dorothy M.Johnson n'était pas une John Wayne au féminin, même si l'une de ses nouvelles présente dans ce recueil a été adaptée au cinéma (L'homme qui tua Liberty Valance), elle fut adoptée par la tribu blackfoot (que je connais bien).

4/ Sofi Oksanen - Les vaches de Staline - Le Livre de Poche
Retour en Europe, en Finlande et surtout en Estonie ! Après mon sublime voyage de cet été (cf. billets ci et là), j'ai voulu lire les autres romans de Sofi Oksanen dont j'avais découvert l'excellent Purge (qu'a adoré mon beau-père, autre membre de mon club de lecture). Premier livre de cette jeune romancière finlandaise, d'origine Estonienne, il vient au parfait moment pour moi, ayant eu l'occasion de découvrir en profondeur l'histoire de ce petit pays au Musée de l'Occupation à Tallinn. 


Friday, September 13, 2013

Certaines n'avaient jamais vu la mer

J'ai fini de lire il y a quelques semaines le roman de Julie Otsuka, Certaines n'avaient jamais vu la mer qui a obtenu le Prix Fémina Étranger 2012.
 
Résumé (source : Amazon) : Nous sommes en 1919. Un bateau quitte l'Empire du Levant avec à son bord plusieurs dizaines de jeunes femmes promises à des Japonais travaillant aux États-Unis, toutes mariées par procuration.
C'est après une éprouvante traversée de l'Océan pacifique qu elles rencontrent pour la première fois à San Francisco leurs futurs maris. Celui pour lequel elles ont tout abandonné. Celui auquel elles ont tant rêvé. Celui qui va tant les décevoir.
À la façon d'un chœur antique, leurs voix se lèvent et racontent leurs misérables vies d'exilées... leurs nuits de noces, souvent brutales, leurs rudes journées de travail dans les champs, leurs combats pour apprivoiser une langue inconnue, la naissance de leurs enfants, l'humiliation des Blancs... Une véritable clameur jusqu'au silence de la guerre et la détention dans les camps d'internement - l'État considère tout Japonais vivant en Amérique comme traître. Bientôt, l'oubli emporte tout, comme si elles, leurs époux et leurs progénitures n'avaient jamais existé.

Je ne sais pas trop quoi écrire au sujet de ce livre, si le sujet est très intéressant, passionnant - j'ai cependant eu du mal à lire ce livre. Cette difficulté est liée entièrement au style adopté par la romancière. Narrateur à voix multiples, le "nous" représente toutes ces épouses japonaises qui rencontrent leur époux sur le sol américain de Californie et qui pour beaucoup signent là leur arrêt de mort, ou s'engagent vers de terribles années de souffrance, passées sous silence. 

Or ce choix stylistique devient pesant, avec en plus, le choix de l'auteur pour cumuler des verbes d'actions, ex : pour décrire leur travail quotidien, chez elle ou dans les champs, les usines, l'auteur a choisi de cumuler à chaque toutes une série de verbes d'action et de répéter cette formule tout au long du livre : nous cuisions, coupions, hachions, épelons ...  Si cette formule n'apparaissait que trois ou quatre fois, mais non c'est récurrent. Si le désir de l'auteur était que le lecteur ressente une certaine forme de lassitude, elle y est arrivée parfaitement avec moi. Ce choix prononcé a fait que j'ai "sauté" volontairement certains passages, trop axés dans le descriptif.

Si l'auteur souhaite ainsi parler au nom de tous ces fantômes, je la comprends et la soutien totalement dans cette démarche, mais l'utilisation du pronom "nous" n'intègre pas le lecteur et bientôt je me suis sentie véritablement étrangère par rapport à ces femmes. Et cette distanciation m'a éloigné de ces femmes dont les vies ont été parfois épouvantables, mon empathie a diminué envers elle. L'auteur interdisant finalement au lecteur de s'identifier à l'une d'entre elles en particulier, a provoqué chez moi une sorte de forme d'indifférence

http://multimedialearningllc.wordpress.com/2009/05/07/japanese-internment-camps-during-wwii-1943/
De plus cette énumération sans fin des souffrances affligées à ces jeunes femmes m'a empêché d'en prendre réellement conscience et donc d'éprouver de la sympathie et de la compassion pour ces femmes. Le lecteur est ainsi littéralement "bombardé" d'informations multiples, d'atrocités, de souffrance, de solitude, d'actes malveillants, de suicide au point qu'il finit par s'éloigner de l'histoire. Les noms défilent, on ne retient aucun d'entre eux. J'aurais préféré que l'auteur suive cinq ou six femmes aux destins multiples plutôt que de nous faire une sorte d'almanach de tous les destins brisés de ces femmes japonaises. 

Enfin, j'aurais aimé que soit abordé plus profondément la période de la Deuxième Guerre Mondiale où les japonais ont été envoyés en camp d'emprisonnement car soupçonnés d'être des traites. Cette période a longtemps été bannie des livres d'histoire et j'ai vu très peu de films ou documentaires abordant cette page sombre de l'histoire américaine.

Car comme je ne cesse de le répéter, j'adore les romans qui associent l'histoire avec un grand H et plus particulièrement la période 1933-1955 or ici l'auteur ne fait qu'énumérer des disparitions et des arrestations. 

http://www.freeinfosociety.com/article.php?id=10
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Pourtant je défendrais ce livre car il a eu l'intérêt de lever le voile sur une partie peu reluisante de l'histoire américaine, sur le véritable ostracisme infligé à ces femmes japonaises. Ces femmes, qui par pudeur et par éducation se sont tues et ont subi toute cette violence sans jamais se plaindre. Que l'une de leurs filles ou petite fille prenne aujourd'hui sa plume et le rende hommage est magnifique et vraiment nécessaire. 

J'ai appris beaucoup en lisant ce livre, même si, comme vous l'aurez compris, j'aurais préféré un autre style - qui m'aurait permis de traverser ces années en tenant la main d'un ou de plusieurs personnages au lieu d'avoir le sentiment de voir défiler sous mes yeux des visages anonymes. 

Mon avis :

Monday, September 2, 2013

Chrysis

C'est amusant de redécouvrir le Montmartre des années folles, à travers les yeux de Chrysis, jeune peintre française et Bogey Lambert, un cowboy américain sortie de la Légion étrangère. C'est par hasard que l'auteur américain, Jim Fergus (auteur de Mille femmes blanches, Marie-Blanche) croise la route de Gabrielle Chrysis Jungbluth. En achetant en Suisse un tableau de ce peintre tombée dans l'oubli, le romancier américain va partir à la découverte de l'histoire extraordinaire de cette jeune artiste française et de son histoire d'amour avec un véritable cowboy américain. 

Jim Fergus a eu de la chance que son épouse repère un tableau signé Chrysis Jungbluth chez un antiquaire suisse. C'est le départ d'une biographie passionnante du "Tout Paris", celui des Années Folles où tout est permis et où l'art trouve une caisse de résonance formidable. En lisant cette biographie romancée, j'ai eu souvent des images en tête et il serait très intéressant de l'adapter au cinéma, même si certaines scènes seraient réservées à un public averti. 

Car la jeune femme, pour l'époque, a décidé d'aller explorer le Montparnasse des boites de nuit, des bordels, et pour mieux le comprendre, elle a même participé à des soirées échangistes d'où son tableau le plus célèbre "Orgie". Gabrielle n'est pas née pauvre, mais dans une famille bourgeoise en province. Son père, militaire de carrière, est peintre amateur. C'est auprès de lui qu'elle apprivoise cet art et c'est avec son consentement qu'elle intègre en 1925 l'Atelier de peinture des élèves femmes de l'école des Beaux-Arts, dirigé à l'époque par Jacques F.Humbert, le professeur de Braque. Cet homme âgé, exigeant, accepte de former des femmes à la peinture, chose rare à l'époque. Il va très vite déceler chez la jeune femme de grandes prédispositions.




A cette époque, rappelons-nous, lorsque Chrysis croise les élèves hommes, ceux-ci la prennent souvent pour un modèle et non une élève. Esprit libre, passionnée, curieuse et très douée, la jeune Gabrielle, devenue Chrysis va vite révéler un talent inouï et bousculer les codes en vigueur. Curieuse, elle va découvrir le Paris souterrain, et devient une grande figure de la vie nocturne, en mêlant plaisir et travail. 

Sa rencontre avec un cowboy du Colorado, au nom extravagant de Bogey Lambert, sera un tournant dans sa vie. Jim Fergus raconte en parallèle le parcours exceptionnel et extraordinaire de ce jeune homme, né dans un ranch au Colorado, qui sous prétexte d'avoir un nom français, décide de s'engager dans la Légion Étrangère. Fait extrêmement rare, il réussit à emmener son cheval Crazy Horse avec lui.  Il deviendra en fait courrier, parcourant les tranchées et sera gravement blessé. Son chemin le mènera en Écosse, à Paris, et à Montparnasse.

Je ne veux pas raconter toute l'histoire, sachez que l'auteur a écrit ce roman dans l'ordre chronologique. Ce choix linéaire m'a un peu surpris car aujourd'hui les romanciers fonctionnent beaucoup au "flashback" mais l'histoire est passionnante. Aussi, même si je ne suis pas tombée amoureuse du style de l'auteur, un peu trop classique il demeure une histoire d'amour magnifique dans un Paris qu'il m'aurait tant donné de connaître ! Quelles vies passionnantes ces deux jeunes gens ont-ils eu !

Mon avis :